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Il était une fois un étudiant en médecine...
4 septembre 2013

4 septembre : Restez humain

Le monde de la santé est un monde humain, du moins en apparence... Faut-il être humain pour devenir médecin ? sûrement. C'est aussi le cas pour être infirmier, aide soignant, kiné, sage femme, etc. Et pourtant, si c'était le cas partout, on le saurait ! Il est dit qu'il faut de tout pour faire un monde, mais quand même. Si la sélection pour devenir medecin était basée sur le caractère humain des étudiants, ça se saurait ! Ils ont décidé de nous coller un concours qui :

- n'a rien à voir avec la médecine

- il n'y a pas d'entretien pour vérifier que ceux qui passent en 2e année ont bien un brin d'humanité

Résultat ? on se retrouve avec des médecins qui ne pensent pas au patient lorsqu'il le soigne. Un exemple en rééducation : le médecin, certes compétent dans son domaine (et encore, parfois on peut s'interroger), ne se soucie que de faire remarcher son patient qui vient de se voir poser une prothèse. Qu'en est il du reste ? Ses problèmes sociaux ? familiaux ? peu importe, le patient verra ça avec l'assistante sociale !

Lors de la visite médicale, qui a lieu une fois par semaine dans le service (le médecin voit toute les chambres du service), le médecin - suivi de l'infirmière, de la cadre du service, et du kiné - commence à parler sans laisser le patient s'exprimer, puis baragouille des phrases inintelligibles, et puis s'en va en s'énervant, parce que rien n'est jamais comme il le souhaite ! Forcément, le patient "a vu" le médecin, mais le médecin ne l'a pas écouté, et encore moins entendu. C'est un exemple parmi tant d'autres, et ce n'est pas partout comme ça, encore heureux.

J'ai discuté avec une patiente aujourd'hui : elle ne travaille plus désormais, mais était femme de ménage quand elle travaillait encore, et pourtant, elle n'a que 55 ans, mais à cause de son invalidité, elle ne peut plus exercer son métier. C'est une femme d'origine portugaise, bien que de par son accent, j'aurais dit qu'elle venait plutôt d'un pays de l'est. Elle était émerveillée lorsque je lui ai dit que j'étudiais la médecine : c'est vraiment très bien ce que vous faites, il faut des gens comme vous, c'est très bien, m'a t elle dit. Et nous avons commencé à discuter, de ce que j'aimais dans ce métier, de la relation humaine, parce que la relation humaine, c'est très important dans ce métier. Elle m'a raconté qu'elle avait travaillé pour des milliardaires, forcément quand on est femme de ménage, au service des autres, on est en mesure de servir des gens comme ça. Et puis elle m'a dit : "mais tu sais, ces gens là, lorsqu'ils sortaient en société, bien sûr qu'ils agissaient comme on le voit, c'est très basé sur des apparences... Mais une fois à la maison, ce sont des gens très simples, très biens, qui se soucient des autres. J'ai une amie qui a travaillé pour Bernard Tapis, vous le connaissez lui, et bien il était adorable avec ses employés. Tous les matins, il allait leur dire bonjour, et leur demandait si tout allait bien, s'ils avaient besoin de quelque chose. Souvient toi de tes origines, respecte les autres, ceux qui sont en bas, souvient toi d'où tu viens. Ecoute les autres, parle leur. Reste comme tu es, c'est formidable".

Ce qu'elle m'a dit est vrai. Ce n'est pas parce qu'on est grand professeur, ou médecin réputé, ou même médecin, qu'on ne doit pas respecter les autres et les écouter, les entendre. Ce sont les relations humaines qui font la médecine, le soin à travers la confiance. J'ai appris beaucoup de choses sur la vie de cette patiente, tout comme le fait qu'elle aurait elle et son mari, rêvé que leur fils étudie la médecine, que la vie n'avait pas été tendre avec elle, mais qu'elle s'en sortait plutôt bien parce que son mari avait réussi à monter sa boite, qu'elle a eu des femmes de ménage, mais que ce n'était jamais bien, parce qu'elle aussi avait fait ce métier, et qu'elle savait faire les choses bien comme il faut, et que ce n'était pas ce que ses aides ménagères faisaient... J'ai appris tant de choses sur elle, et pourtant, je ne lui ai parlé que pendant 10 min après que je lui ai refait son lit... Qu'est ce que 10 minutes dans la vie de quelqu'un ? Si le médecin avait pris la peine de parler avec elle pendant 10 min, elle se serait sentie plus en confiance !

C'est vrai que c'est cliché de dire que l'humanité passe par l'écoute, et que cela permet au patient de se sentir mieux, parce que compris et entendu, et que cela permet aussi au soignant de se sentir mieux, parce qu'il peut ainsi exprimer son humanité... mais c'est la réalité. Si ce n'est pas votre cas, posez vous la question de savoir si ce métier est fait pour vous...

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