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Il était une fois un étudiant en médecine...

6 septembre 2013

6 septembre : La vérité sur l'Hôtel Dieu

Il convient de rétablir les faits, il convient de rendre la vérité. Dans chaque histoire, il existe deux versions : celle des médias, et celle de la vérité. Les médias, poussés par les politiques, ont tendance à déformer l'information. J'ai discuté la semaine dernière avec une amie qui est professeur de français en collège et lycée : elle m'a dit que derrière chaque histoire, chaque conflit, dans le domaine de l'éducation ou de la santé, il y avait une explication d'ordre privée... l'un qui avait piqué la femme de l'autre, ou alors par ambitions personnelles... 

Revenons donc à ce qui nous intéresse : la fermeture de l'Hôtel Dieu. Avec les réformes des anciens gouvernements, les hôpitaux parisiens ont été réorganisés, regroupés. Il en est advenu que depuis 2-3 ans, les services médicaux et chirurgicaux de l'Hôtel Dieu ont petit à petit déménagé chacun à leur tour, vers notamment Cochin, ou encore le Val de Grâce. 

Personnellement, je comprends que cet hôpital qui est pourtant magnifique de l'extérieur, doive fermer ses portes. Certes c'est un bâtiment historique, qui cadre bien avec l'architecture du quartier, et l'histoire de sa construction. Néanmoins, les locaux où sont installés les services sont miteux, vétustes, insalubres même. Il y a des rats qui circulent dans les services, les murs et les sols sont sales, les ascenceurs tombent sans cesse en panne... Alors bien sûr, certains services comme la réa, les urgences et la radiologie ont été rénovés, mais ce n'est pas le cas de la majorité des services. Ayant été en stage là bas plusieurs fois, les bâtiments sont tellement vieux et douteux qu' il est difficile d'y travailler, alors maintenant imaginez vous y être hospitalisés ! Imaginez vous dans un lit d'hôpital et soudainement voir un rat sur votre table de nuit ! Alors oui, les médecins qui y travaillent sont compétents et réputés, mais cela ne changera pas avec la fermeture de l'hôpital. 

 J'ai aussi remarqué que l'hôpital ne cadrait pas vraiment avec les normes de sécurité et les normes d'incendie... Alors oui, il y a des portes coupe feu... en bois ! Mais chaque service n'est accessible que par une seule entrée. Il n'y a pas de sortie de secours. Comment allez vous faire si un incendie se présente ? Se sauver soi-même ou sortir les patients par la fenêtre ? 

Alors voilà, c'est une chose de déménager les services dans un autre hôpital, pour une meilleure gestion des soins, et pour économiser des fonds dans un secteur en grand déficit. C'est une autre chose de profiter de ce déménagement, pour supprimer des postes de soignants ! En effet, il y avait par exemple deux services de l'Hôtel Dieu, de 15 lits chacun, avec 2 infirmiers et 2 AS, qui ont été regroupés en un service à Cochin, avec 3 infirmiers, et 3 AS : résultats ? 2 postes supprimés ! C'est révoltant de supprimer des postes, étant donné que la charge de travail est la même, d'autant plus que c'étaient des services lourds. 

Le cas des urgences !

La majorité des services de l'Hôtel Dieu a donc déjà déménagé. Et pourtant, certains s'entêtent à vouloir maintenir les urgences de l'Hôtel Dieu ouvertes ! Ceux-ci font parties d'un mouvement mené par le docteur Gérald Kierzek qui se bat bec et ongles.

Le docteur Gérald Kierzek a fait une spécialité de santé publique, où il avait travaillé au ministère de la santé, et au cabinet de Bernard Kouchner, avant de reprendre une spécialité d'anesthésie-réanimation puis de médecine des urgences ! Il défend les urgences de proximité, et dénonce la fermeture des urgences, celles d'un hôpital qui se trouve au centre de Paris, au coeur de 9 arrondissements - décision commanditée par les membres du CME (Commission Médicale d'Etablissement de l'AP-HP). Le CME regroupe 55 médecins réputés : http://cme.aphp.fr/orga-missions/organigramme_membres

Voilà une interview du docteur Gérald Kierzek : http://www.unof.org/+Hotel-Dieu-On-m-a-evince-pour-me+.html

J'ai pu demander directement à un médecin qui travaille aux urgences de l'Hôtel Dieu, ce qu'il pensait de la fermeture de l'Hôtel Dieu, et voilà ce qu'il m'a dit :

Ils ont fermés la plupart des services et notamment la réanimation. Et un service d’urgences sans réa c’est quoi ? On ne peut rien faire, il n'y a pas de services derrière. En plus les bâtiments sont insalubres, même si les urgences ont été rénovées. On se met en danger soit même mais aussi les patients. Résultat : soit on fait de la bobologie et on met en place une maison médicale ou alors c’est totalement stupide de garder l’établissement. Garder les urgences pour soigner les bobos ça n’a aucun intérêt. Si on fait un projet de maison médicale, on fait un centre de consultation, et alors il faut repeupler l’établissement. La question de la fermeture des urgences est totalement politique. Tel qu’est l’hôpital, je ne vois pas comment ça pourrait continuer. Tout le monde va partir, et donc l’ambiance va être mauvaise, les gens je ne les connais même plus alors que j’y ai travaillé 12 ans. 

Je lui ai alors demandé pourquoi est-ce que Gérald Kierzek voulait garder les urgences ouvertes malgré ce constat : 

C’est un copain que je connais très bien, il n’a pas envie parce qu’il ne saurait pas où aller, il a été « grillé » partout, oui il est « grillé ».

Il est PH, il a un bureau très bien aménagé, dernier cri, mobilier dernière tendance design, très sympa. Il ne veut pas perdre ces avantages en nature, mais il n’y a pas de raison. Et il a tout fait avec ses contacts, notamment parce qu’il veut se lancer en politique. Il est ambitieux c'est bien, mais il n’y a que les urgences qui marchent et garder les urgences ouvertes ça n’a aucun sens. C’est purement politique, à cause des municipales à Paris. On ne voit que des bobos, des SDF, des bourrés, on ne peut pas accueillir les autres. 

Contrairement aux points mis en avant par les médias, voilà ce qu'il en ressort lorsqu'on interroge le personnel qui y travaille. Les conditions de travail ne sont pas réunies pour pouvoir acceuillir correctement des urgences ! Quoi faire si jamais les urgences d'Hôtel Dieu reçoivent une vraie urgence, ou s'il fallait faire des examens complémentaires ? Il faudrait alors appeler une ambulance pour l'amener à Cochin : frais inutiles ! Une décision logique doit elle être l'objet d'une machination politique au détriment du soin qu'on doit apporter au patient ? Il faut rétablir la vérité, et expliquer aux gens pourquoi est ce qu'il est nécessaire de fermer l'Hôtel Dieu et ne pas laisser les médias manipuler l'opinion...

Après tout, Cochin n'est qu'à 2 Km de l'Hôtel Dieu...

 

 

 

 

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5 septembre 2013

5 septembre : la maltraitance à l'hôpital

La routine est dangereuse, la routine est "une salope", notamment dans notre métier, notamment dans le monde de l'hôpital, parce qu'elle nous rend aigris... C'est un état qu'il faut éviter à tout prix. L'aigreur est dangereuse parce qu'elle nous empêche de nous dédier pleinement à notre vocation. Au bout d'un certain nombre d'années, on en oublie le pourquoi, ce qui nous avait poussé à faire ce travail.

J'ai discuté l'autre jour avec une patiente en rééducation : elle était remontée, révoltée même, contre ce qui lui était arrivé à l'hôpital où elle avait été opérée. Après avoir écouté attentivement son histoire, j'ai compris pourquoi elle était blessée, et voulait raconter son histoire à tous ceux qui voudraient l'entendre. Je vais donc vous raconter son histoire pour lui faire justice et dénoncer la maltraitance dont elle a été l'objet... Car oui, la maltraitance ce n'est pas seulement un parent qui frappe son enfant, ou le laisse mourir de faim ! la maltraitance existe aussi dans le monde de la santé ! La maltraitance existe à travers la violence physique mais aussi verbale. La violence existe en hôpital, en EPAD, mais aussi en hospitalisation à domicile.

Cette patiente, d'un certain âge donc, s'était faite opérer d'une prothèse de hanche dans un hôpital parisien connu. L'opération s'était très bien déroulée. Néanmoins, suite à l'opération, elle est restée dans les vapes, pendant un moment, à cause des morphiniques administrés et de l'anesthésie. Quelques jours après l'opération, à la suite d'une séance de kiné, la patiente a demandé qu'on la conduise aux toilettes : les deux kinés l'ont donc emmené à la salle de bain, et lui ont dit qu'elle retournerait au lit toute seule, et s'en sont allés. La pauvre femme assise sur la cuvette déboussolée retourna tant bien que mal au lit sans être accompagnée, avec tous les dangers que cela comporte, alors qu'elle n'était pas en état de le faire. Ces deux kinés n'ont même pas pris la peine : de raccompagner la patiente, ni même de vérifier qu'elle était bien retournée au lit saine et sauve, et encore moins de prévenir l'équipe soignante.

Autre épisode lorsque la patiente a demandé à l'infirmière de bien vouloir lui ramener quelque chose. Celle-ci lui a répondu qu'elle y allait de suite, mais ne revenant pas comme promis, la patiente s'inquiéta et se leva tant bien que mal et arpenta le couloir à la recherche de la soignante qui en réalité, était en train de siroter son café dans la salle de repos, en discutant avec ses collègues. En voyant la patiente dans le couloir, elle se serait exclamée "mais qu'est-ce qu'elle me fait celle là !".

Ce soir là, la patiente logée dans une chambre double, voulu aller aux toilettes. Elle appuya donc sur la sonnette pour demander à l'infirmière de l'accompagner. Celle-ci lui dit ensuite que la fois prochaine, elle ne devrait pas sonner mais y aller toute seule ! La fois d'après donc, la patiente prise d'une envie pressante se leva du lit et se dirigea vers les WC, alors qu'elle était je le rappelle, sous effet de l'anesthésie. Mais incontinente à cause de l'opération, elle fut prise d'une fuite. Arrivée dans la salle de bain, elle fut prise d'un étourdissement et glissa sur ses urines avant de tomber sur le sol souillé. Sa voisine de chambre, alertée par le bruit de la chute sonna l'infirmière qui arriva. La patiente fut relevée puis ramenée au lit, et l'infirmière appela tout de même l'interne pour s'assurer que la patiente ne s'était pas cassée quelque chose. Le lendemain, lorsque le médecin demanda à la patiente ce qui s'était passé, l'infirmière la coupa et ne lui laissa pas raconter son histoire. Néanmoins, après que le médecin l'ait enguelé, l'infirmière est revenue avec une attitude toute autre, et somma la patiente de l'appeler si jamais elle voulait aller aux toilettes.

Bien entendu, toute l'équipe du service était au courant de ce qui s'était passé. Lorque la patiente demanda à voir la cadre pour se plaindre de l'attitude des soignantes, elle lui aurait dit "on oublie tout ça, et surtout, Madame, n'en parlez à personne !".

Alors bien sûr je ne pointe pas du doigt tous les soignants, toutes les infirmières ou aides soignants, qui font un travail merveilleux pour la majorité, et heureusement ; mais cette histoire m'a fait beaucoup de peine, sachant notamment que ce genre de situations était fréquent, et odieux, mais que je n'y pouvais rien faire, sinon ne pas agir de la même manière face à un patient. Je lui ai donc répondu qu'il était important qu'elle aille se plaindre auprès de la direction, et qu'elle ne laisse pas passer cette histoire.

Ce n'est pas le premier cas de maltraitance que j'ai pu voir durant ma courte carrière hospitalière, et sans doute pas le dernier. Lorsque j'ai travaillé en oncologie, une patiente avait sonné, suite à quoi je m'apprêtais à aller la voir, pour lui venir en aide. Une collègue aide soignante m'a alors retenu, et m'a dit : "non mais il ne faut pas courir voir le patient à chaque fois qu'il sonne, parce qu'il va prendre l'habitude d'être servi ! Ce n'est pas l'hôtel ici, c'est un hôpital. Toi tu n'es là qu'un certain temps, mais nous on est là toute l'année, et ça va nous embêter !". Si ce n'est pas de la maltraitance, et de l'irrespect envers la condition humaine, celle de gens malades, qu'est-ce donc ?

Je ne pense pas que ces cas soient isolés ! Je pense qu'il faut agir contre cette forme de violence ! Il est vrai que face à certains patients "difficiles", le soignant peut à un moment donné, baisser les bras, et s'insurger contre le patient. Mais ce n'est pas une raison pour agir de la sorte. Parfois, entre soignants, il arrive qu'on traite un patient difficile de caractère, de tous les noms, et c'est une réaction qui reflette tout à fait notre condition humaine (avec nos défauts et nos faiblesses), mais il faut qu'on fasse attention à ce que le patient ou sa famille ne l'entende pas, en vérifiant que la porte soit bien fermée par exemple. Le soignant réagit ainsi pour se protéger, face à un patient qu'il n'arrive pas à prendre en charge, parce que ce patient ne lui facilite pas la tâche, parce que ce patient ne semble pas vouloir guérir, aller mieux, parce que ce patient n'est pas "le patient idéal". Néanmoins, cela n'excuse pas les remontrances, ou les réactions de l'infimière ou de l'aide soignante dans les anecdotes citées plus haut. Etre humain ne nous empêche pas de faire correctement notre travail, et ainsi de ne pas négliger le patient qui a droit au même respect que les autres. Si un soignant n'arrive pas à appréhender un patient - ce qui peut être normal, le courant ne passe pas avec tout le monde - alors il se doit demander à un collègue de s'occuper de le patient... mais en aucun cas il ne doit laisser tomber le patient et lui dire de se débrouiller.

Je ne pense pas que ces infirmières étaient de mauvaises personnes, ou qu'elles faisaient mal leurs soins. Je pense plutôt que ce manque de considération pour la patiente était de la négligence... C'est quelque chose qu'il faudrait mieux contrôler au sein du monde hospitalier, que ce soit dans les services ou même au sein de l'administration. Beaucoup de patients se plaignent du fait qu'ils ont été mal reçu par le bureau des admissions par exemple, ou pas les gens qui travaillent à la caisse lorsqu'ils viennent régler les frais de séjour. Ce n'est pas parce qu'on ne travaille pas dans un service qu'on ne doit pas entendre la condition humaine ! Et c'est bien la différence je crois entre le public et le privé ! Alors oui, les médecins seraient peut être meilleurs dans le public (et encore ce n'est pas prouvé) mais au niveau des prestations, des relations humaines des équipes, du confort, de l'accueil, le privé semble l'emporter. Alors bien sûr, lorsque les chats ne sont pas là, les souris dansent !

4 septembre 2013

4 septembre : Restez humain

Le monde de la santé est un monde humain, du moins en apparence... Faut-il être humain pour devenir médecin ? sûrement. C'est aussi le cas pour être infirmier, aide soignant, kiné, sage femme, etc. Et pourtant, si c'était le cas partout, on le saurait ! Il est dit qu'il faut de tout pour faire un monde, mais quand même. Si la sélection pour devenir medecin était basée sur le caractère humain des étudiants, ça se saurait ! Ils ont décidé de nous coller un concours qui :

- n'a rien à voir avec la médecine

- il n'y a pas d'entretien pour vérifier que ceux qui passent en 2e année ont bien un brin d'humanité

Résultat ? on se retrouve avec des médecins qui ne pensent pas au patient lorsqu'il le soigne. Un exemple en rééducation : le médecin, certes compétent dans son domaine (et encore, parfois on peut s'interroger), ne se soucie que de faire remarcher son patient qui vient de se voir poser une prothèse. Qu'en est il du reste ? Ses problèmes sociaux ? familiaux ? peu importe, le patient verra ça avec l'assistante sociale !

Lors de la visite médicale, qui a lieu une fois par semaine dans le service (le médecin voit toute les chambres du service), le médecin - suivi de l'infirmière, de la cadre du service, et du kiné - commence à parler sans laisser le patient s'exprimer, puis baragouille des phrases inintelligibles, et puis s'en va en s'énervant, parce que rien n'est jamais comme il le souhaite ! Forcément, le patient "a vu" le médecin, mais le médecin ne l'a pas écouté, et encore moins entendu. C'est un exemple parmi tant d'autres, et ce n'est pas partout comme ça, encore heureux.

J'ai discuté avec une patiente aujourd'hui : elle ne travaille plus désormais, mais était femme de ménage quand elle travaillait encore, et pourtant, elle n'a que 55 ans, mais à cause de son invalidité, elle ne peut plus exercer son métier. C'est une femme d'origine portugaise, bien que de par son accent, j'aurais dit qu'elle venait plutôt d'un pays de l'est. Elle était émerveillée lorsque je lui ai dit que j'étudiais la médecine : c'est vraiment très bien ce que vous faites, il faut des gens comme vous, c'est très bien, m'a t elle dit. Et nous avons commencé à discuter, de ce que j'aimais dans ce métier, de la relation humaine, parce que la relation humaine, c'est très important dans ce métier. Elle m'a raconté qu'elle avait travaillé pour des milliardaires, forcément quand on est femme de ménage, au service des autres, on est en mesure de servir des gens comme ça. Et puis elle m'a dit : "mais tu sais, ces gens là, lorsqu'ils sortaient en société, bien sûr qu'ils agissaient comme on le voit, c'est très basé sur des apparences... Mais une fois à la maison, ce sont des gens très simples, très biens, qui se soucient des autres. J'ai une amie qui a travaillé pour Bernard Tapis, vous le connaissez lui, et bien il était adorable avec ses employés. Tous les matins, il allait leur dire bonjour, et leur demandait si tout allait bien, s'ils avaient besoin de quelque chose. Souvient toi de tes origines, respecte les autres, ceux qui sont en bas, souvient toi d'où tu viens. Ecoute les autres, parle leur. Reste comme tu es, c'est formidable".

Ce qu'elle m'a dit est vrai. Ce n'est pas parce qu'on est grand professeur, ou médecin réputé, ou même médecin, qu'on ne doit pas respecter les autres et les écouter, les entendre. Ce sont les relations humaines qui font la médecine, le soin à travers la confiance. J'ai appris beaucoup de choses sur la vie de cette patiente, tout comme le fait qu'elle aurait elle et son mari, rêvé que leur fils étudie la médecine, que la vie n'avait pas été tendre avec elle, mais qu'elle s'en sortait plutôt bien parce que son mari avait réussi à monter sa boite, qu'elle a eu des femmes de ménage, mais que ce n'était jamais bien, parce qu'elle aussi avait fait ce métier, et qu'elle savait faire les choses bien comme il faut, et que ce n'était pas ce que ses aides ménagères faisaient... J'ai appris tant de choses sur elle, et pourtant, je ne lui ai parlé que pendant 10 min après que je lui ai refait son lit... Qu'est ce que 10 minutes dans la vie de quelqu'un ? Si le médecin avait pris la peine de parler avec elle pendant 10 min, elle se serait sentie plus en confiance !

C'est vrai que c'est cliché de dire que l'humanité passe par l'écoute, et que cela permet au patient de se sentir mieux, parce que compris et entendu, et que cela permet aussi au soignant de se sentir mieux, parce qu'il peut ainsi exprimer son humanité... mais c'est la réalité. Si ce n'est pas votre cas, posez vous la question de savoir si ce métier est fait pour vous...

3 septembre 2013

3 septembre : Travailler ensemble pour changer quelque chose

La vie est elle un ensemble de clichés ? Il ne s'agit pas d'en rire, mais de faire avancer les choses...

Le constat est devenu tel que le système est en faillite, et qu'il faut agir dès maintenant, si on veut pouvoir continuer à offrir à nos enfants les bienfaits du système. Je m'explique : la santé est devenue un dû, et la sécurité sociale est en déficit...

Il est vrai et peut être humain de penser que lorsqu'on tombe malade, il faut qu'on soit soigné. Non ! Ce n'est pas vrai : quand on tombe malade, on a le droit d'être soigné. Voyez vous la nuance ?

Ce n'est pas une obligation de la société que de soigner ses concitoyens, c'est un droit qu'on accorde aux concitoyens, parce que le système à une époque donnée le permet. Une majorité de personnes ne réalise pas, je crois, le prix de la santé - par santé j'entends soin, prise en charge, hotellerie, transport... oui la santé est une prise en charge globale. J'ai envie de vous donner un exemple parce qu'un exemple est toujours plus parlant que de vaines explications ! J'ai remarqué que souvent, à l'hôpital, quand un patient sort, rentre chez lui, on lui commande une ambulance. J'ai envie de dénoncer l'erreur ! 

http://www.ameli.fr/professionnels-de-sante/transporteurs/votre-convention/tarifs/ambulances-les-tarifs-conventionnels/tarifs-au-1er-fevrier-2013.php

Un trajet en ambulance coûte en moyenne une soixantaine d'euros, ce qui n'est pas forcément très cher en soit, mais maintenant imaginez vous le prix que ça coûterait pour un service de 25 lits : 60x25 = 1500€ pour un service à un moment donné. C'est une somme considérable qui n'a pas lieu d'être.

Agissons ensemble pour faire de petites économies ! Chacun doit s'y mettre pour faire des économies intelligentes, et non des économies "budgétaires". Il s'agit donc d'économiser sur des choses qui n'altèrent pas la prise en charge du patient, au lieu de faire des économies sur la qualité du soin !! Mieux vaut faire des économies sur les ambulances, plutôt que de faire des économies sur le matériel ou le personnel. 

Ce sont les médecins qui signent les bons de transport, donc ce sont les médecins qui autorisent les sorties en ambulance. C'est donc à priori à eux de faire attention à ce genre de choses. Néanmoins, dans beaucoup de services, ce sont les cadres infirmiers qui s'en occupent parce que les médecins n'ont pas forcément le temps de s'occuper de ce genre de choses (quoi que la prise en compte du caractère social du patient c'est aussi son job !). Ceux là doivent aussi faire un effort. C'est en agissant tous ensemble qu'on arrivera à quelque chose. Il ne s'agit pas de dire, "j'en ai marre de faire ça quand les autres ne le font pas, et que ça ne va nul part !". Et surtout, si quelqu'un ne le fait pas, médecin ou pas, il faut qu'on leur en fasse la réflexion. Beaucoup ont peur de dire les choses aux médecins, parce qu'ils sont médecins, parce qu'ils sont des têtes de mules, parce qu'ils n'acceptent pas les remarques... 

Si chacun agissait à son niveau, on ferait des économies de toute part pour améliorer les conditions d'hospitalisations. Montrons aux administratifs où on peut faire des économies. J'ai donné l'exemple des ambulances, mais on peut aussi éviter le gaspillage en éteignant les lumières dans les couloirs, ou en éteingnant la télévision quand le patient sort de sa chambre... 

Je comprends que beaucoup d'infirmières n'osent pas faire des réflexions aux médecins, parce qu'elles en ont peur, mais c'est comme ça qu'on fera avancer les choses ! C'est un geste citoyen qui s'inscrit dans la solidarité au sein de la société. 

Quant aux patient, il faut qu'ils comprennent que la santé a un coût, que la santé est chère, que ce n'est pas un dû ! Pourquoi commander une ambulance alors qu'on peut rentrer en taxi conventionné ou en VSL. Pour certains patients, une ambulance est essentielle : quand on est allité. Même quand on est perfusé, cela n'empêche pas de prendre une voiture plutôt qu'une ambulance, car de toute façon, les poches de perfusion sont posées sur le brancard dans l'ambulance ! La santé est donc un droit, le confort pas forcément ! Un malade peut donc rentrer en taxi conventionné, ou en VSL. Et si le patient a une famille, il faut que celle-ci s'implique dans sa maladie, et vienne le chercher s'il elle peut.

http://www.ameli.fr/professionnels-de-sante/transporteurs/votre-convention/tarifs/vsl-les-tarifs-conventionnels/tarifs-au-1er-fevrier-2013.php

En parlant de confort : l'hôpital, ce n'est pas l'hôtel ! On essaie de faire au mieux pour que le patient se sente bien durant son hospitalisation, mais si je sonne parce que ce n'est pas bon, et que je veux autre chose : non !! Si certains patients souhaitent des prestations haut de gamme, qu'ils aillent en hôpital privé ou à l'hôtel ! D'autant plus que le personnel médical ou paramédical n'est pas la bonniche ! 

Mais cette prise en compte de la part du patient doit aussi passer par l'acceptation des génériques ou médicaments prescrits par le médecin. Les génériques, sont identiques ou quasi aux médicaments originaux ! Ils ont les mêmes effets. Dans le pire des cas, si vraiment certains patients ne le supportent pas, alors éventuellement on peut repasser au princep. Mais il ne faut pas que ce soit une habitude, ou par caprice, qu'on soit une personne âgée avec ses habitudes, ou pas. Les génériques sont moins chers ! Un jour, je suis allé à la pharmacie de l'hôpital pour aller chercher pour un patient un médicament. C'était un médicament à 3000€... J'ai demandé à l'infirmière, pourquoi est ce qu'on lui donnait celui là alors qu'il en existe un autre aux mêmes effets, mais moins chers ? Elle m'a répondu que le médecin lui avait prescrit celui là, parce que le patient le réclamait, parce que c'était celui-ci qu'il avait toujours pris... Le médecin qui n'avait pas voulu chercher de problème avait accepté ! Cela est d'autant plus révoltant, que le patient n'était pas français de nationalité, et qu'il bénéficiait de toutes les aides possibles.

C'est donc en agissant à tous les niveaux et tous ensemble qu'on arrivera à quelque chose ! Pour le bien être de tous, pour le bien être de nos enfants : agissons ensemble !

1 septembre 2013

1 Septembre 2013

"Vous êtes étudiant en médecine ? C'est merveilleux ! Qu'est-ce qui vous a donné envie de faire ça ?"

C'est souvent dans ces situations, qu'on tombe des nus, et qu'on se retrouve là, sans savoir quoi répondre... A force, on finit par inventer une réponse qu'on va pouvoir donner à tous les patients qui nous posent la question...Certains vont inventer une réponse qui ne reflète pas la réalité, d'autres vont essayer d'approcher la vérité ; mais dans ces cas là, il est impossible de donner une réponse qui soit totalement honnête. 

La médecine, le domaine de la santé, tant de mots qui riment avec vocation. Oui, c'est par vocation qu'on doit exercer le métier de médecin, il ne peut en être autrement aux yeux des gens. Le métier de médecin est un métier sacré, un métier humain, un métier désintéressé... Comment peut il en être autrement ? Les gens ne tolèreront pas que quelqu'un exerce le métier de médecin pour l'argent. 

Or il est clair que je n'aurais pas fait médecine, plus de dix ans d'études, si je devais en fin de compte, gagner le SMIC... Je fais médecine aussi parce que le salaire est attrayant, que c'est un métier qui me permettra de mener une vie "aisée", à l'abri des problèmes d'argent. Mais ce n'est pas la forcément la raison principale, la première, pour laquelle j'ai fait médecine. 

C'est donc une question que les patients me posent souvent et à laquelle je me suis entrainé à répondre : j'ai décidé de faire médecine après mon stage en entreprise de classe de 3e, avec mon père qui est médecin généraliste. Mon frère ayant aussi fait médecine, je me suis laissé une chance pour passer le concours, pour voir ensuite ce qui me plairait à l'occasion des stages. J'ai donc passé le concours avec succès. L'été suivant, j'ai eu l'occasion de travailler en service de cancérologie à l'HEGP, et j'ai beaucoup aimé la relation qu'un soignant pouvait entretenir avec le patient. Et là, je me suis dit : "c'est ça que je veux faire !". Je veux donc devenir médecin non pas pour cet aspect scientifique ou technique de la médecine - bien sûr il faut être bon dans son domaine et soigner le patient - mais pour cette relation humaine entre le médecin et son patient... C'est vraiment quelque chose qui se perd dans la médecine actuelle, notamment avec les chirurgiens, et c'est vraiment regrettable... 

En ces mots, j'ai essayé d'être le plus honnête possible. Bien sûr, ce n'est pas la seule raison qui fait que j'ai fait médecine, mais c'est en partie ma motivation... 

 

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